L'actualité de l'archéologie du Cantal et de l'histoire locale
"LA RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE DANS LE CANTAL"
dans la RHA n°1 et 2, 2018
Présentation par Frédéric Letterlé, conservateur du SRA d’AURA
Elle a été publiée sur deux trimestres par la RHA à l'initiative de la SARA sous la direction de Jean-Philippe Usse en concertation avec les deux responsables du SRA D'AURA : Frédéric Surmely pour la partie occidentale du Cantal et Fabien Delrieu pour la partie orientale.
(Élise Nectoux est en charge de la ville d'Aurillac).
La FAAC (Fédération des associations archéologiques du Cantal s'est impliquée dans la parution de ces deux tomes en en finançant une partie), la SARA a quant à elle participé à l’élaboration de la maquette. Les nombreuses planches de cartes et dessins de céramiques ont toutes été éditées ce qui a permis aux jeunes chercheurs doctorants (ou déjà docteurs) de publier in extenso le résultat de leurs travaux en couleurs devenus ainsi accessibles aux réseaux d'archéologues pour lesquels ce sera une mine où puiser des informations comparatives pour faire avancer leurs propres recherches dans d'autres régions.
Si vous le souhaitez, des conférences peuvent être organisées sur les sujets abordés dans les deux tomes.Faites-nous le savoir dans la rubrique "Écrivez-nous".
Dossier 1 : La recherche archéologique dans le Cantal-1
– Découverte d’un fragment de poignard en silex du Grand-Pressigny au col de Cabre (Mandailles) par -Frédéric Surmely, avec la collaboration de Jean-François Pasty et Stéfan Tzortzis.
Résumé : La découverte d’un fragment de poignard en silex, à quelques dizaines de mètres du col de Cabre, aux sources de la Jordanne, amène à s’interroger sur la circulation des biens et des personnes entre les versants occidental et oriental, à travers les cols du Cantal. Enfin la question du peuplement de plein air, toujours sous-représenté pour des raisons essentiellement liées à la taphonomie, reste récurrente. Les caractéristiques de cette lame de silex permettent d’identifier celle-ci comme un poignard pressignien (Grand-Pressigny - Indre-et-Loire) de la fin du Néolithique. La présence de cet objet, au cœur du massif du Cantal.
– Le peuplement du Nord-Est cantalien à l’époque romaine. Recherches anciennes et nouvelles opérations archéologiques par Maxime Calbris.
Résumé : Les campagnes de recherches archéologiques menées dans le cadre d’une thèse depuis 2015, ont permis d’améliorer nos connaissances sur le peuplement antique dans la moyenne montagne du Cézallier. Il s’agit, après un examen de la bibliographie concernant la zone d’étude, de présenter les résultats des prospections pédestres et géophysiques réalisées sur les sites des Veyrines à Landeyrat et de Mathonière à Allanche.
– Les aurières du district aurifère de Prunet (sud d’Aurillac, Cantal)par Élodie Hubert et Philippe Abraham.
Résumé : En France, dans les massifs montagneux, d’anciennes mines d’or en roche à ciel ouvert sont parfois visibles dans le paysage. Ces aurières consistent en fosses à profil en U/V et bordées de déblais miniers sur leurs bords supérieurs. Ces vestiges miniers anciens, bien étudiés et fouillés pour partie en Limousin sont datés de l’âge du Bronze à la fin du second âge du Fer. Ces données constituent le référentiel archéologique le plus complet du corpus sur la question. La découverte d’aurières, au sud-ouest du Cantal (district de Prunet), par des prospecteurs-géologues du BRGM, est venue alimenter ces recherches. Sur ce site, des premières prospections archéologiques furent menées en 2000 mais sans poursuite des investigations. Depuis 2016, l’étude archéologique minière de ces chantiers est reprise. À partir d’archives du BRGM et de missions de terrain, les données ont été mises à jour et fortement complétées. Un premier inventaire avec état des lieux pour ce district minier inédit a été réalisé. Désormais, des fouilles archéologiques sont nécessaires pour identifier la chronologie de ces sites.
- les sarcophages de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge dans le Cantal par Jean-Philippe Usse et Annie Rassinot
Résumé : Ces dernières décennies les fouilles archéologiques ont mis au jour des nécropoles assez conséquentes dans le Cantal. C’était donc l’occasion de compléter l’étude publiée en 2000 dans le bulletin archéologique de la région d’Aurillac en délimitant la géographie des sites ayant livré des cuves, en précisant les périodes d’utilisation, la diffusion de ce mode d’inhumation sur le territoire cantalien, leur organisation au sein de l’espace funéraire, enfin en actualisant la trame possible d’une typo-chronologie des sarcophages cantaliens. L’étude a permis de montrer que c’était pendant une période qui comprend l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge que le mode d’inhumation pour les populations sans doute aisées était le sarcophage monolithe dont la roche provenait de carrières locales. Cette étude résume un travail d’inventaire de sarcophages réalisé pour le PCR Saint-Géraud qui complètera l’étude des sarcophages en pierre et monoxyles découverts dans l’enclos de la Sainte-Famille.
-Sauvegarder des souterrains médiévaux à Arnac et à Montvert (Cantal), par Jean-Philippe Usse et Annie Rassinot.
Résumé : Deux souterrains découverts en 1983 dans le Cantal ont fait l’objet d’une mise en valeur qu’ils doivent à l’initiative et au travail des collectivités locales. Cette démarche vise à mettre ce patrimoine à disposition des chercheurs qui peuvent en faire une étude approfondie grâce aux moyens technologiques plus récents adaptés à l’archéologie comme le scanner, au point réussir à mieux comprendre l’utilisation de ces souterrains. Mais l’idée est aussi de sensibiliser le public intéressé et soucieux de la sauvegarde de son patrimoine, même le plus modeste.
Dossier 2 : La recherche archéologique dans le Cantal-2
– Essai de géographie protohistorique en Haute-Auvergne : nouvelles données et approches par Florie-Anne Auxerre-Geron
Résumé : La Protohistoire en Haute-Auvergne a fait récemment l’objet d’une thèse de doctorat, soutenue à l’université de Toulouse Jean-Jaurès. La région a constitué une zone d’étude exceptionnelle, notamment parce que les hautes terres sont de réels conservatoires pour les aménagements de toutes époques, et en particulier les tertres et tumulus protohistoriques. Elle s’est ainsi présentée comme un véritable laboratoire où approches statistiques et spatiales ont pu être menées. Cet article présente les principaux apports de l’étude, mais aussi des opérations de terrain qui ont pu être menées. L’observation en particulier des sites de hauteur, naturellement fortifiés, mais aussi des nécropoles tumulaires, nous permet en effet aujourd’hui d’approcher la question de l’occupation de ces contextes topographiques particuliers, sur le long terme, ainsi que de l’interaction homme/milieu et des liens entre hautes terres et zones plus basses. Nous proposons ainsi un essai de géographie protohistorique qui amène discussions et nouvelles perspectives de recherche.
– Les occupations protohistoriques et tardo-antiques du Suc de Lermu à Charmensac : état des lieux et données nouvelles par Fabien Delrieu, Florie-Anne Auxerre-Géron, Sandra Chabert, et Cécile Moulin
Résumé : Mentionné par Pierre-François Fournier en 1954 et objet de campagnes de sondages dans les années 1960 en parallèle aux travaux de recherche d’Alphonse Vinatié, le suc de Lermu, petit plateau basaltique de la commune de Charmensac, a fait l’objet d’une campagne de sondages conduite par Fabien Delrieu en 2016. Confirmation a été faite de l’occupation du site au cours de plusieurs séquences chronologiques s’étalant pour l’heure du Bronze final IIIb à l’Antiquité tardive qui donne au suc de Lhermu une bonne place dans le corpus des sites de hauteur du Massif central bien inscrit dans les réseaux d’échanges entre le centre et le sud de la Gaule.
- Les potiers à l’époque moderne en Haute-Auvergne par Hervé Ginalhac
Résumé : L'artisanat potier de Haute-Auvergne à l'époque moderne est peu connu. Cinq extraits de documents (baux de location, prix-faits de four) donnent des informations sur cette activité au XVIIe siècle.
Des peintures médiévales sur les plafonds de maisons des 12-13è siècles à Aurillac ?
Voici les vestiges des plafonds d'une maison restaurée il y a peu rue du collège peints au bas Moyen Âge à Aurillac : qu'en est-il resté ????? Que sont devenues les peintures du plafond ? Une richesse exceptionnelle (à étudier) sur la vie quotidienne au Moyen Âge ??
Ce sont les rares maisons médiévales qui restent en France intactes.
Ailleurs ils ont su les préserver :
https://www.youtube.com/watch?v=a3dTX4mUXD4
Voici un extrait du reportage qui souligne les images spectaculaires, fait par le CNRS:
"En effet, ces images, sont pour le commanditaire [le propriétaire de la maison à l'époque médiévale] une mise en scène de soi dans son cadre de vie habituel, mais elles sont aussi données à voir à tous ceux qui pénètrent dans ces salles décorées, ancêtres des murs de facebook."
(la vidéo présente palais archiépiscopal de Narbonne, et le château des archevêques à Capestang et plusieurs demeures du beau village de Lagrasse).
La maison romane de l'ilot Baldeyrou à Aurillac
On peut y observer ces fenêtres géminées visibles sur une maison de la parcelle 216 à Aurillac par exemple.
Dommage, une première maison dite "romane " a déjà été détruite rue des frères alors quelle possédait des coussièges, des placards significatifs de la période du bas Moyen Âge etc. I
En préparation :
une étude sur "la céramique du Cantal, 40 ans de recherche", par Jean-Philippe Usse, Annie Rassinot et Jehanne Turpin.
Voir aussi l'onglet "étude céramique"
Image ci-contre
Une céramique du Cantal du bas Moyen Âge : panse de forme globulaire façonnée au colombin puis lissée, au dégraissant micacé, bord semi tourné. Pas de trace d'engobe, aucune décoration, pas de anse. La cuisson est réductrice.
Diamètre du col : 18cm.
Aucune trace de suie, fabrication locale découverte dans un site du bas Moyen Âge.
Jehanne Turpin, master II en archéologie, assure actuellement l'inventaire des collections de de tessons de céramiques découvertes lors de prospection et de chantiers de fouilles archéologiques pour les périodes médiévales dans le Cantal.
les Presses universitaires Blaise Pascal
Parution à ne pas manquer dans en histoire médiévale dans la collection ÉTUDES SUR LE MASSIF CENTRAL en octobre 2017 : l'ouvrage collectif Étude sur l’administration d’Alfonse de Poitiers dans la terre d’Auvergne, Édition critique de la thèse soutenue par l’auteur à l’École nationale des chartes en janvier 1911
Communication des PUBP :
"Sous la direction de Bernadette Fizellier-Sauget, Gabriel Fournier et Rémy Roques
Cette thèse, soutenue par Pierre-François Fournier en janvier 1911 à l’École nationale des chartes, était restée inédite à ce jour, notamment en raison de la première Guerre mondiale. Parvenue sous la forme d’un unique exemplaire manuscrit, conservé par son fils Gabriel Fournier, elle est composée de 167 feuillets qu’il a fallu transcrire et quelque peu actualiser, en fonction des publications parues depuis un siècle. Ainsi, elle offre aux historiens des institutions et des pratiques de gouvernement du XIIIe siècle, ainsi qu’au public féru d’histoire locale, une moisson d’informations et de savantes dissertations, replacée dans le contexte actuel de la recherche. C’est également l’occasion de présenter la méthode de travail d’un chartiste tout au long du XXe siècle, puisque Pierre-François Fournier, après avoir travaillé à la Bibliothèque nationale, fut directeur des Archives départementales de la Haute-Loire en 1922, puis de celles du Puy-de-Dôme de 1924 à 1949, directeur de la IIIe circonscription des Antiquités historiques d’Auvergne de 1942 à 1964, tout en étant conservateur des Antiquités et Objets d’Art de 1942 à 1965. Il fut également conservateur du musée Bargoin à Clermont-Ferrand de 1947 à 1955.
Grâce au recours à des caractères de couleurs différentes, il est possible de suivre les modifications apportées au texte original que Pierre-François Fournier n’a cessé de corriger pendant toute sa vie, même après la publication en 1959, en collaboration avec Pascal Guébin, du volume des Enquêtes administratives d’Alfonse de Poitiers et arrêts de son Parlement de Toulouse.
Bernadette Fizellier-Sauget est ingénieur en retraite du service régional de l’archéologie d’Auvergne – DRAC Auvergne.
Gabriel Fournier est professeur honoraire d’histoire médiévale à l’Université Clermont Auvergne.
Rémy Roques est diplômé de Master d’histoire médiévale de l’université Clermont Auvergne et responsable de la conformité des projets, Groupe La Poste." (PUBP)
Quel sera le destin des sarcophages monoxyles découverts à Saint-Géraud ?
Un grand nombre de sarcophages taillés dans un seul tronc d'arbre, y compris leur couvercle (donc désignés par le terme "monoxyles"), trouvés lors des fouilles préventives (Mozaïque-Archéologie, Nicolas Clément étant le directeur des fouilles) ont été découverts, dans un parfait état de conservation, grâce à l'eau de la nappe phréatique dans laquelle ils baignaient. Leur découverte est du plus haut intérêt du fait de leur exceptionnel état de conservation. Leur étude pourrait permettre un étalonnage pour la dendrochronologie puisque les arbres dans lesquels ils ont été taillés sont quasi entiers. Depuis qu'ils ont été exhumés de ce milieu humide ils sont conservés simplement dans l'eau.
Ils appartiennent pour moitié à L'office HLM Logisens et pour l'autre à l'État. L'un et l'autre n'ont pas pris pour l'instant de décision sur leur devenir. Le coût de la conservation serait d'environ 20 000€ par sarcophage. La municipalité serait intéressée pour en faire restaurer deux ou trois, mais n'a pas pour l'instant dégager de budget pour le faire. Le classement de ces sarcophages au titre des AOA (Antiquités et Objets d'Art) permettrait d'obtenir des financements publics de l'État et soulagerait le budget consacré à cette opération par la commune. Ce fut le cas pour le sarcophage paléochrétien en marbre découvert à Arpajon-sur-Cère en 1988. A l'époque la SARA s'était occupée du classement avec le conservateur des AOA (Antiquités et Objets d'Art), en coopération avec le directeur du service régional de l'archéologie de la DRAC Auvergne. Une restauration avait suivi,co-financée par la commune et l'État au titre des AOA.
La SARA va tenter la même démarche pour ces sarcophages monoxyles inestimables d'Aurillac auprès de l'actuel conservateur des AOA et du directeur du Service Régional de l'Archéologie (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes), pour éviter la destruction de ces précieux témoignages des premiers temps du bourg d'Aurillac.
Légende de la photo ci-dessus :
(Source : http://www.aurillac.fr/index.php/thematiques/culture/les-fouilles-saint-geraud?start=6): L'une des découvertes majeures des fouilles de l'îlot Saint-Géraud est la présence de sarcophages monoxyles d'époque carolingienne. Ce cliché montre une cuve en fin de fouille, après le prélèvement des ossements humains encore conservés dans ce sarcophage. Ce sont l'état exceptionnel de conservation et la densité de ces contenants funéraires qui font l'originalité de cette découverte unique en France.
Découverte fortuite à Aurillac
Sans surprise, les passants ont pu constater vendredi 3 octobre 2017 à Aurillac (à l'angle de la rue Coffinhal et de la rue du Monastère) que des travaux terrassement avaient mis au jour une rue médiévale et les bases d'un ancien bâtiment. Il faut bien se rendre compte que tout le centre historique d'Aurillac est une zone sensible où il faudrait systématiquement réaliser un diagnostic archéologique, conformément à la loi, avant de détruire irrémédiablement des vestiges archéologiques, surtout quand on sait que la ville demande d'obtenir le label "art et histoire". Heureusement la SARA, alertée par Nicolas Clément, a pu joindre le directeur du Service régional de l'archéologie vendredi après midi qui a fait stopper les travaux suffisamment longtemps pour que l'archéologue, spécialiste en période médiévale, puisse prendre des photos, faire des mesures et des prélèvements.
Deux sites archéologiques à Drugeac menacés par l'implantation d'éoliennes.
L'association "Vents de Salers" a attiré l'attention de la SARA sur la menace que fait peser l'implantation d'éoliennes à l'emplacement de sites archéologiques. Il sont le témoignage d'une occupation humaine probablement médiévale, étaient connus depuis longtemps par la tradition orale locale. Cependant ils n'avaient jusqu'à présent pas été signalés dans la littérature érudite du 19e siècle (excepté dans le dictionnaire topographique du Cantal d'Émile Amé de 1897), ni dans les publications récentes de chercheurs actuels et n'avaient pas fait l'objet de fiche les signalant dans la carte archéologique de la France. La SARA a confirmé que la butte sous couvert forestier pourrait bien être un site défensif et un peu plus à l'est a identifié des vestiges d'un habitat déserté.
La SARA vient d'alerter le service régional de l'archéologie de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes de la mise en péril de ces vestiges à cause du projet d'aménagement d'éoliennes.
Jubilé 1317 - 2017 du diocèse de Saint-Flour
Conférence- Concert, jeudi 19 octobre à 20h30 à Aurillac (Saint Géraud)
« Évolution de la musique sacrée, du Moyen Âge à nos jours » avec la chorale « Santalou », l’organiste Nicolas Sauniere, chef de chœur et trompette Clément Guillemin. (entrée libre)
-Informations : P. Jean Cheminade
-Téléphone : 04 71 60 61 99
-Participants : Monique de la Rocque, Clément Guillemin
Le souterrain du Caire (Laroquebrou)
Un article écrit par Mathieu Carlier présente les fouilles préventives du souterrain du Caire dans la Revue de la Haute-Auvergne du troisième trimestre 2017, paru cette semaine.
Carrier (Mathieu), "Le souterrain du Caire (commune de Laroquebrou) et l’ancienne route royale", RHA, 2017, p. 397.
Et dans les Brèves archéologiques de ce numéro : des nouvelles du diagnostic à Mauriac par Philippe Arnaud de l'INRAP et la nomination d'André Delpuech comme directeur du musée de l'Homme à Paris.