Société archéologique de la région d'Aurillac

Fédération des associations archéologiques du Cantal

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La recherche préhistorique et protohistorique dans le Cantal

Plusieurs thèmes de recherches font l’objet de travaux de la part de la SARA. Ils sont entrepris, soit dans le cadre de programmes communs, soit en accompagnement d’étudiants, dans leur cursus universitaire, soit pour des recherches spécifiques s’inscrivant dans des domaines dont les connaissances historiques locales font défaut. 

Les opérations présentées le sont à titre indicatif.

Le « Suc de Lermu » à Charmensac - 2021 (Cantal)

Responsable : Fabien Delrieu (SRA ARA)

Dans un secteur géographique marqué par une documentation funéraire récente et de qualité, la place de l’habitat reste pour l’heure à définir. En effet, aucun contexte domestique n’a pour l’heure été fouillé ou sondé récemment dans le massif du Cézallier.

Pour comprendre les phénomènes d’anthropisation qu’a connu ce versant du massif, il est nécessaire de poser les premiers véritables jalons concernant les modalités d’évolution de l’habitat protohistorique sur ce versant. En effet, la distribution spatiale des tertres funéraires le long des axes de pénétration dans le massif, les données paléo-environnmentales et les effets de l’altitude et le climat qui en découlent sont autant d’éléments qui ont pu laisser penser au développement d’un habitat temporaire voir saisonnier dans ces secteurs au cours de la période protohistorique. Cette hypothèse n’est cependant pas étayée par les données de terrain puisque aucun habitat, fut-il temporaire, n’a été fouillé ces dernières décennies. Quelques éléments battent cependant en brèche l’hypothèse du développement d’un habitat exclusivement temporaire dans ces zones de moyenne altitude au cours de l’âge du Bronze et du 1er âge du Fer. La présence de traces de labours fossiles repérées à Laurie et à La Croix de Baptiste, même à 1250m d’altitude pour ce dernier cas, sous la masse de tumulus fouillés ou sur les blocs constituant la masse du tumulus laissent penser qu’une mise en culture de certains secteurs a pu s’opérer pendant la séquence chronologique concernée. Cet état de fait semble plutôt compatible avec une présence humaine permanente à ces altitudes. Le développement d’habitats de hauteur, comme celui du Suc de Lermu ou de St Victor plus bas en altitude, pourrait plaider également en ce sens

Chantier de fouille en 2021
Chantier de fouille en 2021
Pointes à dos aziliennes provenant du site des Bughes à la Tour d’Auvergne (63). L’origine du silex est présumée cantalienne. Photo F. Surmely
Pointes à dos aziliennes provenant du site des Bughes à la Tour d’Auvergne (63). L’origine du silex est présumée cantalienne. Photo F. Surmely

Caractérisation des réseaux de diffusion des silex tertiaires du Cantal.

Responsable : F. SURMELY (SRA ARA ; UMR 6042 du CNRS)

Le Cantal est le seul département du Massif-Central à abriter d’importantes ressources en silex, qui plus est d’excellent qualité. Ces matériaux ont été utilisés par les populations préhistoriques des alentours, tout spécialement celles qui vivaient dans des secteurs dépourvus de matières premières lithiques, comme le Velay, le Limousin et le Rouergue. Très tôt, des réseaux de transport ont été mis en place, associant parfois d’autres types de biens.

Le problème réside dans la caractérisation des silex du Cantal par rapport aux silex d’autres bassins sédimentaires français et espagnols, compte tenu du caractère ubiquiste des silicifications tertiaires L’identification passe par la géochimie, à partir d’analyses ICP/MS.

Le projet de recherche consiste en l’analyse et la comparaison d’un corpus de 70 types de silex différents, correspondant d’une part à des matériaux cantaliens, à des silex d’autres secteurs et à des artefacts préhistoriques. Il s’appuie sur une lithothèque constituée pendant plus de 20 ans par F. Surmely et comprenant l’intégralité des types de silex présents dans le département du Cantal.

Le projet est développé en collaboration avec P. Barrier (IGAL) et R. Martineau (univ. de Bourgogne).


Bibliographie : Frédéric Surmely, Patrick Boudon, Danielle Briot and Christian Pin :  La diffusion des silex crétacés dans le centre du Massif central durant la préhistoire (Paléolithique, Mésolithique, Néolithique). Contribution à l’étude de la circulation des matières premières lithiques sur de longues distances (https://journals.openedition.org/paleo/1702).


Fouille du site de Rénac (cliché : F. Surmely, 2018).
Fouille du site de Rénac (cliché : F. Surmely, 2018).

Fouille des coffres mégalithiques du lac de barrage de Saint-Etienne-Cantalès

C’est à la faveur d’une prospection en 1992 par la SARA sur les rives du lac artificiel du barrage de Saint-Etienne-Cantalès qu’a été observé la présence d’un coffre mégalithique dont les montants en granite dépassaient du sol. Ce coffre étant menacé par des travaux, d’aménagement des rives du lac, il a été décidé de le fouiller en novembre 2018. Le décapage préliminaire a permis de mettre en évidence un second coffre, similaire au premier. Les deux structures ont été fouillées en totalité. Malheureusement, la nature acide du sol n’ayant pas permis la conservation des restes organiques (en dehors de charbons de bois) aucune information n’a donc pu être collectée concernant le nombre et la disposition des individus déposés dans les deux structures. En revanche, un mobilier funéraire a été découvert dans le premier coffre, qui s’ajoute aux éléments trouvés lors du sondage initial. Il se compose de deux haches polies en fibrolite, de quatre lames en silex, de deux armatures tranchantes de flèche et d’un éclat de silex.


Fouille du rempart de l'éperon barré (cliché : J.Ph. Usse 2019).
Fouille du rempart de l'éperon barré (cliché : J.Ph. Usse 2019).

Archéologie des vallées de la Sumène et de la Sianne à l’âge du Bronze et au 1er âge du Fer.

Responsable : Fabien Delrieu (SRA ARA)

Les zones d’altitude de Haute-Auvergne sont caractérisées par un paysage ouvert composés de parcelles de grande taille ou « montagnes » qui sont laissées en herbe tout au long de l’année.

Cette situation a permis la conservation optimale des structures archéologiques qui sont encore en élévation de nos jours. Les tumuli sont donc parfaitement visibles dans le paysage. Leur structure en pierre (basalte) les a également préservés de la forte érosion naturelle qui est aussi bien due à la rudesse du climat qu’au passage répété des troupeaux. Il en est de même pour les autres structures élevées en pierre comme les systèmes défensifs ou les réseaux parcellaires. Cet état de fait permet de considérer cette région comme un exceptionnel conservatoire des paysages protohistoriques finalement peu touchés par l’activité agraire s’étant développée ultérieurement.

Cette situation exceptionnelle sera mise à profit pour démarrer un programme de recherche sur l’occupation du sol au cours de la protohistoire ancienne, sur les vallées de la Sumène et de la Sianne.

L’objectif principal est de conduire un travail de recensement des données archéologiques, leur caractérisation et leur mise en perspective en les confrontant aux données paléo-environnementales actuellement disponibles ou qui seront acquises lors de la conduite de ce programme.

Fouilles archéologiques du rempart de l'éperon barré

En effet, cette région, au-delà de très bonne conservation des vestiges archéologiques, présente également l’avantage de disposer d’un important corpus de tourbières et de zones humides. Certaines d’entre elles sont par ailleurs localisées au sein même de sites d’habitat ou de nécropoles tumulaires. La confrontation des données issues de l’étude paléo-environnementale (carottages, pollen, macro-restes) de ces contextes avec celles issues de la documentation archéologique ancienne ou acquise lors de la conduite de ce programme doit constituer un élément fondamental permettant une meilleure compréhension de l’évolution des paysages au cours de la protohistoire ancienne.

 Bibliographie : DELRIEU F. 2012 : L’âge du Bronze et le Premier âge du Fer entre Sumène et Artense (2200-425 av J.-C.), Revue de la Haute-Auvergne 2012-2, pp. 19-36. (https://www.academia.edu/2949829/L_%C3%A2ge_du_bronze_et_le_premier_%C3%A2ge_du_fer_entre_Sum%C3%A8ne_et_Artense_Cantal_Auvergne_2200_425_av_J_C_)


Le site préhistorique des Baraquettes à Velzic (Cantal).

Fouille de l'abri sous roche des Baraquettes à Velzic (cliché J.P. Usse 1996)
Fouille de l'abri sous roche des Baraquettes à Velzic (cliché J.P. Usse 1996)

Le site des Baraquettes, dont les fouilles se sont déroulées de 1996 à 1999, constitue un témoin essentiel pour la connaissance du Mésolithique dans le Massif Central, alors que les autres gisements régionaux n’ont livré que des données partielles ou peu fiables. Le site permet de cerner l’évolution du Mésolithique.

Le Sauveterrien ancien, faciès encore largement méconnu, se caractérise par un débitage laminaire soigné visant à la production de belles lames, qui pourrait être interprété comme la marque d’une filiation avec les civilisations paléolithiques et aziliennes antérieures.

Le Sauveterrien moyen, présent dans les quatre abris, marque une évolution nette dans les objectifs de la production lithique. La tradition laminaire est abandonnée au profit d’un débitage peu contraignant, visant à produire surtout des lamelles qui seront transformées en armatures microlithiques.

Les datations C14 obtenues pour les différents niveaux sont tout à fait dans la « norme » sur le plan national. Ceci témoigne du caractère erroné des théories visant à considérer la moyenne montagne auvergnate comme un milieu retardé du fait de son relief.

Avec ses multiples occupations mésolithiques dispersées dans quatre abris-sous-roche, le site des Baraquettes constitue un complexe d'habitats. Il faut garder à l'esprit que les quatre cavités ayant livré des témoins archéologiques sont entourées d'un grand nombre d'autres abris, que l'érosion a vidé complètement de leur remplissage ancien mais qui ont pu recevoir des occupations mésolithiques.

Reste à s'interroger sur les raisons qui ont poussé les hommes à revenir s'installer plusieurs fois au même endroit au cours des siècles. Il faut y voir l'influence liés certainement à la recherche de ressources alimentaires, animales ou végétales, offertes par la position géographique du site, en position de carrefour entre plusieurs unités topographiques et géographiques différenciées (vallée, bassin, hauts plateaux, sommets). Ce sont ces paramètres qui pourraient expliquer la pérennité de l'occupation du site des Baraquettes et expliquer aussi la présence du gisement tout proche de Lavernière.

L’analyse des données disponibles ne semble montrer aucune évolution marquante entre le Mésolithique moyen et le Mésolithique ancien, malgré le millénaire environ qui les séparent.

Les abris des Baraquettes ont continué à être fréquentés au cours du Néolithique. Mais apparemment, les cavités ont alors changé de statut. La présence de plusieurs corps dans l’un des abris de témoigne d’une utilisation de la cavité comme lieu sépulcral. Les prospections effectuées sur le petit plateau dominant le site ont montré la présence de plusieurs stations néolithiques de plein air. C'est là probablement que les Néolithiques avaient implanté leurs habitats, au milieu de terres volcaniques légères et fertiles.

Bibliographie : F. Surmely, « Le site mésolithique des Baraquettes (Velzic, Cantal) et le peuplement de la moyenne montagne cantalienne, des origines à la fin du Mésolithique » Société Préhistorique Française – 2003 - mémoire XXXII.

Planche de dessins de silex - Baraquettes - Velzic.
Planche de dessins de silex - Baraquettes - Velzic.

L’abri sous roche de Cors à Saint-Chamant (Cantal).

Premiére campagne de fouille de l'abri sous roche de Cors à Saint-Chamant (cliché : J.Ph. Usse, 1988)
Premiére campagne de fouille de l'abri sous roche de Cors à Saint-Chamant (cliché : J.Ph. Usse, 1988)

Le site préhistorique de Cors a fait l’objet de deux campagnes de fouilles en 1988 après sa découverte par J.Ph. Usse et en 1992 par F. Surmely (SRA- Auvergne) :

La fouille a dégagé de nombreux siles taillés. La forte proportion des burins sur lame, des lamelles à dos, des perçoirs, le petit nombre des grattoirs et des outils composites sont des critères classiques pour dater l'industrie de la fin du Paléolithique supérieur.

La faible superficie de l'abri et les transformations post-dé-positionnelles nous empêchent de cerner précisément les modalités d'organisation du campement.

L’abri de Cors, pourtant intégralement fouillé, n'a pas livré de traces visibles d'un espace réservé à une activité particulière. La carte de la densité des pièces lithiques par mètre carré montre une forte concentration des vestiges dans le centre de la fouille et une proportion décroissante en périphérie. Ce phénomène tient aux conditions particulières de l'évolution du remplissage qui a été soumis à des remaniements multiples. Le seul ensemble conservé en l'état, semble-t-il, est sans doute la cuvette dans l'angle sud-ouest qui a livré quelque 350 pièces en silex vert. Les gros blocs qui bordent cette concavité ont empêché les bouleversements ultérieurs. C'est donc sûrement à cet endroit que les préhistoriques ont fractionné un ou deux blocs de cette matière première. Les Magdaléniens de Cors ont eu presque exclusivement recours à des matériaux locaux, dont l'origine n'est pas très éloignée.

Deuxiéme campagne de fouille de l'abri sous roche de Cors à Saint-Chamant (cliché : J.Ph. Usse, 1992).
Deuxiéme campagne de fouille de l'abri sous roche de Cors à Saint-Chamant (cliché : J.Ph. Usse, 1992).

L’abri de Cors est une des deux seules occupations magdaléniennes connues sur l'ensemble du versant occidental du massif. L'abri de Cors n'a constitué qu'une étape relativement brève pour un petit groupe humain, dans le cadre d'un mode de vie itinérant. Ces déplacements n'avaient pas forcément une grande ampleur, comme le montre le fait que les hommes aient géré au plus près leur approvisionnement, alors que les sources étaient peu éloignées. Il est tentant de penser au contraire à de petits circuits de déplacement, le long des vallées, au gré de saisons, avec peut-être des retours épisodiques voire saisonniers, dans les plaines et le bassin d'Aurillac et peut-être des expéditions épisodiques plus lointaines.

Le choix du site comme lieu de campement s'explique très probablement par la conjonction, de facteurs favorables : présence d'un abri sous roche, bonne exposition, vue étendue sur les alentours, accès à des niches écologiques variées.

 

Bibliographie : F. Surmely, « Le site mésolithique des Baraquettes (Velzic, Cantal) et le peuplement de la moyenne montagne cantalienne, des origines à la fin du Mésolithique » Société Préhistorique Française – 2003 - mémoire XXXII.

Dolmen d'Alleuzet
Dolmen d'Alleuzet

La Route des mégalithes

La SARA s'est associée au SRA (L. Isac-Imbert, conservateur du  patrimoine) et  au musée de la Haute-Auvergne dans la réalisation du document permettant la visite des dolmens et menhirs de la planèze de Saint-Flour.

Le pays de Saint-Flour, bénéficie d'une des plus fortes concentrations de mégalithes composée de dolmens et de menhirs d'Auvergne. C'est au total une douzaine de sites répartis sur la Planèze qui sont proposés à la visite par l'intermédiaire de cette route.

Les monuments qui constituent les douze jalons de la route des mégalithes forment un panel représentatif des différentes formes qu'ont pu prendre les monuments cantaliens érigés à partir de la fin du néolithiques et au chalcolithique (2500 - 2000 Av J-C)

 Cet itinéraire est proposé par le musée de la Haute-Auvergne à Saint-Flour, un document y est  disponible.