L'abbaye Saint-Géraud d'Aurillac
Les fouilles de l'ilot Saint-Géraud à Aurillac (2013 - 2015)
La société Mosaïque Archéologie a été en charge des fouilles archéologiques concernant l'îlot Saint-Géraud de novembre 2013 à août 2015, après le diagnostic archéologique réalisé en 2012 par l'INRAP.
Par décision du ministère de la culture les fouilles sont arrêtées en juillet 2015, le site est inscrit au titre des monuments historiques.
Préservation des vestiges de l'abbaye - 2021
Le site est recouvert de sable en février 2021.
Pour plus d'informations :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_d'Aurillac
http://www.haute-auvergne.org/Fouilles/FouillesstgeraudRassinot.htm
https://archives.cantal.fr/rechercher/archives-audiovisuelles?detail=2711136
http://fr.wikipedia.org/wiki/Géraud_d'Aurillac
L'îlot des frères Charmes à Aurillac.
A) Les vestiges du mur de fortification dont l’importance est hautement symbolique puisque ce rempart a été
construit par les « bourgeois » qui se sont battus contre le
seigneur-abbé d’Aurillac et qui ont obtenu, grâce à l’arbitrage du
roi, signifié dans les « Paix d’Aurillac », la liberté de se
gouverner eux-mêmes. De tels vestiges méritent une mise en valeur car
ils témoignent d’une ville devenue autonome, lointaine origine de
l’actuelle municipalité (voir plan ci-dessous).
B) L’étude archéologique
(1) des sous-sols de ce quartier devrait, comme on peut s’en douter,
déceler d’autres vestiges archéologiques : puits, rez-de-chaussée de
magasins voûtés en ogives transformés en caves, fossés du rempart etc.
Des témoignages qui eux aussi, sinon d’être mis en valeur,
mériteraient au moins d’être correctement fouillés pour en retirer
des informations scientifiques utiles à la connaissance de l’histoire
de notre ville.
C) Les périodes qui suivent le Moyen
Âge ne sont pas à dénigrer pour autant : la magnifique porte
monumentale du XVIIIe siècle, rue du Rieu qui sert d’entrée à la Poste
est la partie visible de cet hôtel particulier de la Dorinière,
enchâssé dans le bâtiment public. Côté gravier, par contre, on ne
saurait se plaindre de la modernisation du lieu qui a gratifié Aurillac
d’une de ses rares façades « art déco »* (1928). Certes, celle-ci est plutôt
sobre, mais harmonieuse, bien visible des passants, et
particulièrement emblématique puisqu’elle supporte le blason de la
ville d’Aurillac. Elle participe à la monumentalité de la place du
Gravier, avec des bâtiments comme celui de la Préfecture ou du Grand
hôtel Bordeaux.
Il aurait été préférable d’imaginer un projet architectural capable d’intégrer ces éléments (les vestiges du rempart), la porte de l’hôtel de la Dorinière, la façade art déco de l'ancienne Poste.
(1) A cette occasion, La SARA a fourni un dossier sur "Les fortifications de la ville d'Aurillac" à l'INRAP dans le cadre de son diagnostic).
Bibliographie : *Usse (Jean-Philippe), "Itinéraire art déco dans le centre ville d'Aurillac", RHA, janvier, février, mars, 2016.
Ilot Saint-Géraud d'Aurillac.
« Nouveau regard sur la documentation médiévale, moderne et contemporaine pour un essai de reconstitution de la topographie monastique de Saint-Géraud d'Aurillac »
(Extrait de la RHA 2016-3 : la conclusion de la journée d’étude du 17 juin 2016)
"Un premier constat s’impose : la localisation du cloître de l’abbaye Saint-Géraud était encore bien présente dans la mémoire collective à la veille de la Révolution, comme l’atteste le bail emphytéotique de 1781 étudié par Béatrice Fourniel. En revanche, cette histoire des lieux a été frappée d’une amnésie générale tout au long des XIXe et XXe siècles. Le travail d’Anne Soula montre combien le passé monastique d’Aurillac est alors tombé dans l’oubli au profit du culte de deux personnages : saint Géraud et le pape Sylvestre II (l’ancien moine Gerbert). Mais à la fin du XXe siècle, les recherches de Nicole Charbonnel ont réactivé la connaissance des lieux et bien circonscrit l’emplacement du cloître. Ce dossier montre combien la documentation était assez riche pour localiser ce dernier avant même le lancement du projet immobilier d’ampleur et donc des fouilles préventives. Cette observation confirme la nécessité de retourner à une documentation écrite diachronique.
Si les fouilles préventives ont identifié la salle capitulaire, c’est grâce à sa position dans l’aile orientale du cloître, première pièce en sortant du transept sud, et à son programme architectural, avec une salle de 96 m2, pourvue d’une voûte soutenue par deux piliers centraux et de gradins périmétraux. Le bail emphytéotique de 1781 mentionne pour sa part le « refectoire du monastère » situé sous le jardin du doyenné. C’est ainsi qu’il est possible de le localiser dans la galerie sud du cloître.
La question du logement de l’abbé
a été soulevée. On retrouve sa mention sporadiquement, à la fois dans
les archives médiévales, comme l’a présenté Sébastien Fray, mais aussi
tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Outre l’interrogation
ouverte sur sa physionomie – entre chambre et maison – au début du XIIe
siècle, il se compose d’au moins deux corps distincts d’après
l’enquête de 1555 présentée par Hervé Miraton. Le souvenir des ruines
de la maison abbatiale dans la documentation moderne place ses vestiges
très précisément entre le chevet de l’église abbatiale – où subsiste
aussi une partie du cimetière – et l’enceinte monastique située au
niveau de la rue du Buis.
Un fragment de cette dernière a pu être localisé précisément grâce à la documentation graphique du XVIIIe siècle exploitée par Cécile Rivals au moyen de traitements informatiques, portant à notre connaissance un nouvel élément de la topographie monastique de l’abbaye Saint-Géraud. Ce fragment, contre lequel s’appuyait, à l’extérieur, la fontaine de l’Aumône, y avait été improprement qualifié d’« ancien mur de ville ». C’est là un lieu de première importance pour un établissement monastique. Le tracé oriental de cette enceinte est donc aujourd’hui connu, mis en parallèle avec son empreinte fossile lisible dans le parcellaire dès 1791 avec le plan Daudé : il est alors possible de restituer le tracé du reste de l’enceinte.
Le géoréférencement des données anciennes et le dialogue avec les sources écrites ouvrent ainsi de nouvelles pistes. Par exemple, la tour-clocher figurant sur un plan de 1793, démolie en 1794-1795, appartient au massif occidental de l’église abbatiale : « Entre le clocher et l’eglise laquelle etoit autrefois en eglise » (bail emphytéotique de 1781). Le placement avec précision de cette tour-clocher permet au chercheur d’extrapoler avec précision la longueur de l’église abbatiale de Saint-Géraud d’Aurillac, soit 75 m.
Les historiens ont toujours pointé du doigt les évènements du XVIe siècle (sécularisation, présence des protestants) et du XVIIIe siècle (Révolution) pour expliquer l’état de ruine puis d’oubli de cet important monastère. Lucien Gerbeau apporte une autre vision, attestant de l’état de délabrement des bâtiments conventuels dès les années 1470. La désertion du dortoir et du réfectoire est effective dès le début du XVIe siècle. C’est donc une autre histoire qu’il faut réécrire.
Enfin, des questionnements nouveaux apparaissent. C’est par le truchement des archives journalistiques que Lucie Dorsy a révélé la découverte de sarcophages monoxyles. C’est une réelle re-découverte. Nous savions déjà qu’en 1896, lors de la construction de l’église de la Sainte-Famille, de tels sarcophages avaient été découverts, qui font écho à l’exceptionnelle découverte lors des fouilles préventives de plusieurs exemplaires en parfait état de conservation. Or l’on apprend également dans Le Moniteur du Cantal du 31 avril 1898 qu’un sarcophage monoxyle a été dégagé au cours de travaux dans la rue de Noailles. Nous sommes à plus de 250 m au sud-ouest du cimetière carolingien révélé par les fouilles préventives, donc du lieu de découverte des sarcophages monoxyles. Que signifie la présence en ce lieu de ce contenant funéraire en bois ?
C’est sur cette interrogation que nous concluons l’analyse de cette première journée d’étude autour du monastère Saint-Géraud d’Aurillac. Le questionnement et le dialogue de la documentation écrite et graphique, médiévale, moderne et contemporaine sont à poursuivre tant les résultats sont là. À ce jour, il est possible d’offrir aux chercheurs une nouvelle image de cet établissement monastique de renom. Ce PCR est donc l’occasion, durant les trois prochaines années, de revisiter la documentation, notamment à travers d’autres journées d’étude."
Nicolas Clément (Responsable d'opération, Mosaïques Archéologie)
Les chapiteaux dits de l'école d'Aurillac, à Détroit USA.
Nous devons à Bruno Bonhoure, de passage à Détroit aux USA, les photographies en couleurs des chapiteaux en provenance d'Aurillac. Ils sont du style dit de "l'école d'Aurillac". C'est une qualification qu'ils doivent aux historiens d'art du début du XIXe siècle qui estimaient que de si belles sculptures ne pouvaient que provenir d'une école d'Aurillac. On en trouve aussi dans l'église Saint-Sauveur de Figeac et ailleurs Conques etc.
Ils avaient été signalés dans un article de la Revue de la Haute-Auvergne rédigé par Abel Beaufrère:
Beaufrère (Abel), "Trois chapiteaux de l'église Saint-Géraud d'Aurillac à Détroit (Michigan, USA)", t.52, 1989, p. 361-365.
On peut aussi les voir sur le site du musée, mais en noir et blanc avec une mention bibliographique d'Abel Beaufrère (https://www.dia.org/search/node/aurillac)