Société archéologique de la région d'Aurillac

Fédération des associations archéologiques du Cantal

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Sarcophages

Sondages archéologiques à Arpajon-sur-Cère (1988)
Sondages archéologiques à Arpajon-sur-Cère (1988)

Inventaire des sarcophages du Cantal


Les sondages archéologiques de la place de la République (commune d'Arpajon-sur-Cère) réalisées en 1988, ont révélé la présence de 17 sarcophages, étagées sur plusieurs niveaux. Un inventaire des sarcophages localisés au sud-ouest du département a été engagé. Les résultats ont été publiés dans le Bulletin de la société d'Archéologie de la région d'Aurillac en 1990. Un supplément est ajouté dans la même revue en 2000, à l’occasion des travaux de la place de la mairie à Aurillac et de la découverte de sarcophages. Lors des fouilles préventives, réalisées en 2015 et 2016, dans l’enclos de la Sainte-Famille, la mise au jour de nombreux sarcophages a enrichi ce travail de recherche.

Sarcophages présentés sur place après leur découverte en 1939 au chevet de l'église Saint-Géraud.
Sarcophages présentés sur place après leur découverte en 1939 au chevet de l'église Saint-Géraud.

L’inventaire recense les cuves de sarcophages découverts dans le département du Cantal. Il a été réalisé à partir du dépouillement des publications historiques locales, comme des fouilles archéologiques que nous avons menées, des diagnostics archéologiques réalisés par le Service Régional de l’Archéologie (SRA). Ce recensement a été complété par des témoignages oraux de découvertes fortuites de sarcophages lors de travaux aux abords des édifices religieux. Grâce aux relais de professionnels du patrimoine et d’associations cet inventaire s’étoffe en permanence.

Pour les découvertes anciennes (19e et début 20e siècle) leur documentation est imprécise et lacunaire et bien des cuves ont disparu.

Répartition des sarcophages du Cantal (infographie : J.P. Usse)
Répartition des sarcophages du Cantal (infographie : J.P. Usse)

Ce recensement porte sur un total de près de 60 sites ou lieux de découvertes de sarcophages, de 1 par commune à 3 par endroits comme à Aurillac : place de l'hôtel de ville, chevet de Saint-Géraud et enclos de la Sainte-Famille. Ces 66 sites sont répartis dans 59 communes sur l’ensemble du territoire cantalien et représentent prés de 220 sarcophages. Cependant les secteurs de la Margeride et de l’Aubrac n’ont livré aucun sarcophage jusqu'à présent ou aucune documentation n’a été identifiée à ce jour relatives à ce type de découverte.

Bibliographie :

-  Usse (Jean-Philippe), " Inventaire des sarcophages du sud cantalien", Bulletin de la société archéologique de la région d'Aurillac, n° 4, 1990, p. 32-72.

- Usse (Jean-Philippe), "À propos des sarcophages de Notre-Dame d'Aurillac", Bulletin de la société archéologique de la région d'Aurillac, n° 8, 2000, p. 59-63.

- Usse  (Jean-Philippe) et Rassinot (Annie), "Les sarcophages de l'Antiquité tardive et du haut Moyen-Âge", RHA, t.80, janvier-mars 2018, p. 49-76 (Lire le PDF).

Le sarcophage paléochrétien d'Arpajon-sur-Cère

Durant l'été 1988, la place de la République fit l'objet d'un réaménagement complet avec la réfection des réseaux et des sols.

Cette place était occupée encore au XIXe siècle par l'ancienne église (romane) d'Arpajon-sur-Cère, démolie en 1857 et reconstruite plus à l'est du centre en limite du bourg d'alors. Le cimetière, entièrement clos, entourait cette église.

Les travaux ont mis au jour fortuitement des murs d'origine gallo-romaine et trois sarcophages dont un en marbre blanc.

Ces découvertes fortuites ont nécessité un sondage archéologique de faible superficie, qui a révélé la présence de 21 sépultures, dont 17 en sarcophages, étagées sur plusieurs niveaux et comprises dans un espace aménagé. Ces sarcophages appartiennent au Haut Moyen Âge. Le sarcophage en marbre est de plan rectangulaire et de section trapézoïdale, pour la cuve, en bâtière pour le couvercle. Il est taillé dans un bloc de marbre gris des Pyrénées provenant probablement des carrières de Saint-Béat (Haute-Garonne). Trois faces du sarcophage sont sculptées de décor en chevron inversés, pour les deux côtés et une partie de la façade. Le motif central figure un chrisme, il s'inscrit à l'intérieur de pampres jaillissant d'un canthare à panse globulaire.

Ce décor, (chevrons, pilastres, chrisme et pampres) permet de dater le sarcophage de la deuxième moitié du Ve siècle. (Ce sarcophage, classé monument historique, appartient à la commune d'Arpajon-sur-Cère. Il est actuellement conservé  dans l'église d'Arpajon).

La découverte de ces vestiges permet d'entrevoir la christianisation de ce territoire à l'antiquité tardive et confirme la présence d'un édifice religieux durant le haut Moyen Âge.

Usse (Jean-Philippe), Les sondages archéologiques de la Place de la République à Arpajon-sur- Cère , Revue de la Haute Auvergne, 2012, p. 111 à 122.

Usse (Jean-Philippe) et Rassinot (Annie), «Une pièce exceptionnelle, le sarcophage paléochrétien d’Arpajon-sur-Cère (15) », Éclats arvernes, fragments archéologiques (Ier-Ve siècle apr. J.-C.) T.2, sous la direction de P. Bet et B. Dousteyssier, Presses universitaires Blaise Pascal, 2021, p.424-425

Couvercle du sarcophage paléochrétien d'Arpajon-sur-Cère (cliché : Pierre Soissons, 2018).
Couvercle du sarcophage paléochrétien d'Arpajon-sur-Cère (cliché : Pierre Soissons, 2018).
Sarcophage paléochrétien d'Arpajon-sur-Cère (cliché : Pierre Soissons, 2018).
Sarcophage paléochrétien d'Arpajon-sur-Cère (cliché : Pierre Soissons, 2018).
Fouille archéologique de la place de la République (Arpajon-sur-Cère) Cantal (Cliché : J.P.Usse, 1988).
Fouille archéologique de la place de la République (Arpajon-sur-Cère) Cantal (Cliché : J.P.Usse, 1988).

Bibliographie pour les sondages archéologiques de la place de la République à Arpajon-sur-Cère - Cantal (1988)

Usse (Annie),  "Sondages archéologiques d'Arpajon en 1988", Bulletin Archéologique de la Région d'Aurillac, n°3, 1989, p 45-52.

Usse (A. et J.-P.),« Arpajon-Sur-Cère  (Cantal), Place de la République », Archéologie médiévale, t.XIX, Chronique des fouilles médiévales, Édition du CNRS,1989, p 355.

Usse (Jean-Philippe) et Scherding (Christiane) "Arpajon-sur-Cère, Place de la République Gallia", Information-Auvergne, Édition du CNRS,1989, p. 10-11.

Usse (Annie et Jean-Philippe) , Scherding (Christiane et Jean-Michel),  Sauget (Jean-Michel), "Découverte d'un sarcophage paléochrétien et de sépultures médiévales en sarcophage à Arpajon-sur-Cère (Cantal)", Revue Archéologique du Centre de la France, t. 29, fasc. 1, 1990, p. 19-30.

J.M. Sauget, A. et J.P. Usse, "le sarcophage de type aquitain et les tombes du Haut-Moyen-Age d'Arpajon-sur-Cère (Cantal)" - (éd.), L'Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours : histoire et archéologie, Actes des XIIIe Journées internationales d'archéologie mérovingienne, Clermont-Ferrand (3-6 octobre 1991), Clermont-Ferrand, Publications de l'Institut d'études du Massif central, 1999,  p. 229 à 246.

Usse (Jean-Philippe), Les sondages archéologiques de la Place de la République à Arpajon-sur- Cère , Revue de la Haute Auvergne, 2012 - p. 111 à 122.

Usse (Jean-Philippe) et Rassinot (Annie), «Un dépôt funéraire en verre dans un sarcophage à Arpajon-sur-Cère (15) », Éclats arvernes, fragments archéologiques (Ier-Ve siècle apr. J.-C.) T.2, sous la direction de P. Bet et B. Dousteyssier, Presses universitaires Blaise Pascal, 2021, p.426-427.


Sarcophages monoxyles de l’enclos Saint-Géraud à Aurillac (Cliché : N.Clément, 2015).
Sarcophages monoxyles de l’enclos Saint-Géraud à Aurillac (Cliché : N.Clément, 2015).

Les sarcophages monoxyles de l’enclos Saint-Géraud à Aurillac (Cantal)

Les vestiges archéologiques mis au jour couvrent un champ chronologique très large, depuis le haut Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine, et présentent parfois des élévations pouvant atteindre 2,5 m. Les traces d’aménagements anthropiques sur cet espace sont très denses.

Le terroir où s’est développé le monastère d’Aurillac est situé au bord de la Jordanne et, plus précisément, dans un paléo-méandre. Malgré des traces avérées d’occupation gallo-romaine dans l’emprise de la ville actuelle d’Aurillac, le site ne révèle qu’un très léger bruit de fond antique. Une occupation des lieux dès le haut Moyen Âge, à la faveur d’un retrait de la Jordanne, n’a malheureusement n’a pas été encore possible d’en définir la nature exacte. Les niveaux archéologiques, situés à plus de trois mètres de profondeur dans un milieu très humide sont perturbés, car ils ont été percés par le creusement de fosses sépulcrales, dont certaines ont reçu des sarcophages monoxyles. Il s’agit là d’un véritable unicum, tant par la qualité de conservation de ces contenants funéraires putrescibles que par leur densité.

Sarcophages monoxyles de l’enclos Saint-Géraud à Aurillac (Cliché : N.Clément, 2015)
Sarcophages monoxyles de l’enclos Saint-Géraud à Aurillac (Cliché : N.Clément, 2015)

Conservés dans un sédiment argileux et dans un niveau proche de la nappe phréatique, dont les battements venaient les noyer régulièrement depuis leur dépôt, ce ne sont pas moins de vingt-cinq contenants funéraires en bois qui ont été découverts, sur une fenêtre de 200 m2. Majoritairement, il s’agit de sarcophages monoxyles, mais on a aussi le cas de sépultures en planches pour des sujets immatures.

Il y a toute une gamme d’états de conservation depuis de simples traces noires à la cuve et au couvercle en parfait état. Au total, treize couvercles sont archéologiquement très bien conservés pour dix-sept cuves. Cette différence s’explique simplement par le fait que la cuve garde l’eau lorsque la nappe phréatique redescend, contrairement au couvercle, qui, par conséquent, a tendance à se dégrader.

Les premières analysent montrent que deux espèces sont représentées : le chêne et le hêtre et que certains arbres étaient centenaires. Les troncs sont parfois simplement écorcés à coups de plane ou peuvent être équarris, voire grossièrement taillés pour le couvercle. Les traces de doloire ou de hache et d’herminette sont très nettement discernables. Les grumes ont ensuite été fendues avant d’être évidées et transformées en sarcophage. Leur morphologie est assez peu standardisée et dépend avant tout de la densité de nœuds et de la rectitude du tronc.

Leur longueur varie entre 2,10 et 2,35 m hors tout pour une largeur de 0,35 à 0,58 m. Tous ces contenants de défunts adultes possèdent une logette céphalique, dont la typologie est variée en passant du carré au rond. Parfois rehaussés par rapport au reste de la cuve, ces aménagements sont absents des sarcophages monoxyles des sujets immatures. Les couvercles offrent encore plus de variétés. Ils peuvent être simplement écorcés. Certains sont équarris et portent une arête longitudinale. Tous ont un point en commun : des éléments de manipulation.

Du point de vue stratigraphique, ces sarcophages monoxyles appartiennent à un vaste complexe funéraire antérieur à la mise en place du monastère. Attesté sur près de 2 000 m2, mais non fouillé, ce lieu funéraire est au coeur du site. Il est très dense, avec peut-être plusieurs centaines d’inhumations en pleine terre (au moins 300), mais sans qu’aucune réduction n’ait été observée. À son extrémité méridionale, des sarcophages monoxyles prennent le relais, en perturbant toutefois des inhumations précédentes.

Bibliographie : Nicolas Clément : "Un riche contexte d’implantation pour l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac (Cantal)" - Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre - BUCEMA, Hors-série n° 10 | 2016.

Nicolas Clément – Ilot saint-Géraud à Aurillac (cantal) - Bilan d’activité 2015 – Direction Régionale des Affaires Culturelles – Service Régional de l’Archéologie Auvergne – 2016 - p41